Abbaye de Noyers

 

Histoire


L’abbaye bénédictine Beata Maria de Nuchariis (Sainte-Marie-de-Noyers) fut fondée en 1030 par Hubert seigneur de Noyant-de-Touraine, avec l’accord de Malran, seigneur de Nouâtre, du comte d’Anjou Foulques Nerra, suzerain de Malran, et du roi de France Robert II le Pieux.

L’abbé Ébrard, de l’abbaye de Marmoutier, fut également nommé abbé de cette nouvelle abbaye et, en compagnie de quelques moines de Marmoutier, il entreprit la construction du monastère avec des pierres extraites de la carrière ouverte sur le coteau de l’autre côté de la Vienne. L’église abbatiale fut terminée en 1032 et consacrée par Arnoul, archevêque de Tours.

De nombreux membres de la famille de Sainte Maure furent inhumés dans l’abbaye et il restait autrefois quatre figures de pierre adhérentes aux murailles de l’église. C’étaient les images de Hugues l’ancien (1035-1115), de son épouse Aénor de Montreuil-Bellay, de son fils Hugues le jeune (tué à la Haye vers 1102) et de l’épouse de ce dernier Cassinotte, dame de la Haye (aujourd’hui Descartes).

Au cours du 12ème siècle, l’abbaye fut fortifiée et devint très importante. Richard Cœur de Lion (1157-1199), comte d’Anjou et roi d’Angleterre, confirma la liberté de l’abbaye et demanda à son sénéchal de la prendre sous sa protection. L’abbaye, qui constituait un fief relevant de la seigneurie de Sainte-Maure avait droit de haute justice (c’est-à-dire pouvait prononcer des peines capitales).

Dès sa création, l’abbaye étendit ses possessions dans la région. Selon la coutume de l’époque, de nombreux seigneurs, nobles, soldats, propriétaires donnèrent des terres, églises, prieurés, droits, dîmes, serfs, etc. soit « pour le salut de leur âme », soit pour se faire enterrer dans l’enceinte de l’abbaye, ce qui était très recherché, soit pour se faire pardonner diverses fautes, jusqu’au meurtre. Sur les terres reçues, l’abbaye créait des villages et, très vite, elle posséda des domaines, des églises ainsi que des prieurés en Touraine et Poitou.

En 1372, Isabelle de Craon (morte en 1394), dame de Sainte Maure et de Nouâtre, permit aux religieux de transférer leurs fourches patibulaires (gibet), qui étaient à l’entrée du bourg de Noyers, au Bois aux Moines (au sud-est de Noyers, près des Arrentements), à condition que l’abbé lui offrît chaque année un chapeau de fleurs.

En 1446, Louis XI, qui avait 23 ans mais n’était encore que le dauphin passa la nuit du 5 octobre à l’abbaye de Noyers. Il revint à Nouâtre en tant que Roi le 8 juin 1471 et séjourna dans le château de Jean du Fou (voir l’article sur le château).

L’invasion anglaise au 14ème et 15ème siècles fut source de calamités et le monastère en souffrit. L’abbé Raoul du Fou du Vigean dut reconstruire le cloître vers 1474 et fit apposer sur les piliers les armoiries de sa famille.

Vers 1544, l’abbé François de Mauny reconstruisit le logis de l’abbé et termina le jubé (clôture et tribune entre la nef et le chœur) de l’église, qui était orné d’un grand crucifix et des images peintes des quatre évangélistes.
L’abbaye fut évidemment touchée par les guerres de religion et Noyers fut ravagée par les protestants en 1562 puis par les catholiques en 1589.

On peut s’interroger sur les raisons de cette attaque catholique contre une abbaye catholique mais le seigneur de Sainte-Maure était alors Hercule de Rohan, ami d’Henri de Navarre, le futur roi Henri IV, qui séjourna à l’abbaye en 1587.

En 1659, l’abbaye entra dans la Congrégation de Saint Maur, mais, malgré cela, l’abbaye perdit de son influence et, en 1697, il ne restait que 9 religieux.

 

Les bâtiments

 

Le plus ancien document officiel est un plan de 1658. Un dessin plus explicite date des environs de 1687. Il figure dans le célèbre Monasticon Gallicanum, recueil de 168 planches représentant en élévation-perspective les principaux prieurés et abbayes bénédictines.

Pour des raisons que nous ignorons, une importante reconstruction intervint en 1760 et tous les bâtiments claustraux furent rebâtis.

La révolution sonna le glas de l’abbaye, qui fut saisie comme bien national et vendue au lieutenant-colonel Jacques Sonolet ; les biens appartinrent ensuite à sa fille Jeanne Sonolet (morte en 1808) puis à son fils Jules (né en 1797), qui avait été à Tours le condisciple de Balzac et on peut penser que c’est la raisons pour laquelle celui-ci cite l’abbaye de Noyers parmi les biens du Père Grandet dans Eugénie Grandet.

Jules Sonolet revendit l’abbaye en 1827 à Edmond Baillou de la Brosse (1807-1877), qui vendit les pierres de l’église abbatiale et du cloître.

 



Les bâtiments parallèles à la Vienne qui figurent encore sur le cadastre de 1827 disparurent pour leur part au début du 20ème siècle et il ne reste actuellement que trois corps de bâtiments, tous perpendiculaires à la rivière ainsi que la porte monumentale, qui porte l’écu royal.

On ne peut aujourd’hui qu’imaginer ce que fut cette importante abbaye mais sans doute le sous-sol recèle-t-il encore des restes des fondations ; en 1962 on découvrit une parcelle du pavage de la salle du chapitre, dont un fragment est dans l’église paroissiale de Noyers. On peut aussi voir, dans l’église Saint-Léger, deux médaillons qui étaient dans la maison de l’abbé, qui existe toujours, rue de l’abbé Ébrard.

N.B. Cette page, doit beaucoup aux travaux de, Bernard Danquigny, qui peuvent être consultés sur le site noyers-nouatre.fr